Eaux minérales oubliées de Midi-Pyrénées

Publié le par Julien Gonzalez

EAUX MINERALES OUBLIEES DE MIDI-PYRENEES

GANTIES (Haute-Garonne)

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Ganties a eu une station thermale. En fait celle-ci était à la limite des communes de Ganties et de Couret. Les bâtiments encore debout sont sur la commune de Couret, qui en est propriétaire et qui s’emploie à leur redonner vie.
On ignore l’origine de la réputation des eaux de Ganties. Ce qu’on sait c’est que un, puis deux, établissements thermaux ont fonctionné dès le début de la Restauration, l’un sur la commune de Couret, l’autre sur celle de Ganties. Au début de ce siècle, l’ensemble thermal appartenait à la famille Trombe, qui l’a exploité directement jusque vers 1950.
Avant la guerre de 1914 les courses de chevaux de Ganties attiraient la foule des connaisseurs.
L’eau thermale est aujourd’hui mise gratuitement à la disposition des visiteurs. Elle a des vertus digestives et diurétiques. Elle est aussi sédative : elle calmait les nerveux.
Le thermalisme à Ganties a été évoqué dans une brochure (épuisée), parue en 1995 et intitulée : "Préhistoire et thermalisme : les grottes de la Spugo et de la Hountaou, la station thermale de Ganties-Couret".
L'origine des eaux de Ganties
Dans les années 1820, un certain M. Chaton, bijoutier à Saint-Gaudens, et qui avait une ferme à Couret, se blesse à un doigt. Les habitants du pays lui conseillent d'avoir recours à l'eau d'une source proche dont les vertus cicatrisantes sont depuis longtemps connues. On les utilise pour soigner les maladies de peau du bétail. Il se trouve rapidement guéri.
Cette guérison rapide l'amène à s'intéresser à cette source aux vertus reconnues, et qui n'avait pas la réputation qu'elle méritait. Il se met donc en devoir de construire un établissement de bains et d'en faire connaître l'existence.
Une autorisation d'exploitation est demandée et obtenue en 1829. Elle est accordée à la source du lac Bagnis, qu'on a pris l'habitude d'appeler "Eau de Ganties". Le premier établissement, situé sur le territoire de la commune de Ganties, comporte 12 baignoires.
En 1843, l'établissement est acheté par la famille Dencausse.
En 1861, pour pouvoir développer l'exploitation, le propriétaire adresse une supplique à l'Empereur Napoléon III, pour demander une aide financière. Sans succès. La réponse est négative : elle se base sur le fait que "la famille Dencausse était assez riche (150 000 de capital) pour se passer d'un appui de l'Etat".
 

Dans sa thèse de doctorat soutenue en 1913, le Dr Icard rapporte l’épisode suivant : une vache atteinte de maladie cutanée se trouvant dans la prairie (près de la source) allait boire dans le lac qu’alimentait la source minérale. Pour se désaltérer elle était forcée d’entrer dans l’eau. Cette cure d’eau ajoutée aux bains fut renouvelée souvent et amena la guérison radicale de l’animal. Cette guérison se répandit dans le public. Depuis ce moment on vit arriver à Ganties une foule de personnes atteintes de maladies de la peau : les ulcéreux, les estropiés, les malingres, les rhumatisants, les hermétiques y étaient en grand nombre.

La station des dames et des nerveux
Voici le témoignage de l'instituteur responsable de l'école de Ganties en 1885.
"Les eaux de Ganties, indique-t-il, sont minéralisées par des bicarbonates et des crémates. Elle sont légèrement ferrugineuses et leur richesse est suffisante pour que l'on ait le droit de les considérer a priori comme devant jouir d'une certaine activité. Au reste, l'expérience a depuis longtemps prononcé sur ce point. La réputation des eaux de Ganties est fort ancienne. Elles cicatrisent les plaies, les blessures, les ulcères de toute espèce, les dartres, eczémas, affections puruleuses, les névralgies, guérissent radicalement les maladies des nerfs, rhumatismes nerveux et toutes les maladies occasionnées par les vices du sang.
Tous les ans on voit venir à Ganties des gens portant des béquilles ou atteints de maladies réputées incurables, rentrer chez eux sans béquilles et bien portants.
Les eaux de Ganties offrent guérison certaine et radicale de toutes les affections de la peau, des plaies et ulcères variqueux qui sont souvent considérés comme incurables par les plus célèbres médecins.
Ces eaux, prises en boisson, purgent et activent la guérison.
Il se dégage de l'eau du bassin des bulles d'un gaz qui n'est autre chose que de l'azote.
Le débit de la source est de 3 litres/seconde."
La fréquentation de la station
Au début de l'exploitation l'établissement de Couret avait 12 baignoires, et celui de Ganties 12 aussi.
En 1873, il sera donné 3 374 bains dans l'établissement de Ganties, ce qui peut correspondre à environ 300 curistes. C'est l'époque où les deux établissements fonctionnaient en même temps, celui de Couret étant un peu plus fréquenté que celui de Ganties.
Dans sa requête pour la desserte de la chapelle située dans le périmètre thermal, le curé de Couret écrit en juin 1846 : le nombre de baigneurs s’élève annuellement au chiffre de 130 à 150, terme moyen. Si chaque baigneur restait 21 jours, cela fait une moyenne de 3 000 bains. Peut-être ne parlait-il que de la station de Couret.
Au début de ce siècle, l'établissement unique comptait 18 cabines de bains, ce qui est loin d'être négligeable.

PRUGNES-LES-EAUX (Aveyron)

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LE CAYLA (Aveyron)

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ANDABRE (Aveyron)

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TREBAS-LES-BAINS (Tarn)

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Trois sources sont répertoriées à Trébas : Saint-Roch, Assié et Sainte-Marie. Les deux premières sont cuivreuses et ferrugineuses, tandis que la troisième est plus particulièrement carbonatée sodique.

Les eaux de Trébas étaient probablement déjà connues et utilisées à l'époque gallo-romaine. Divers objets datant de cette époque (pièces, médailles, débris d'amphore...) furent en effet retrouvés dans d'anciennes constructions, lors de travaux près des sources.

Il semblerait que lors de la Guerre de Cent Ans, les routiers anglais venaient à Trébas pour obtenir la cicatrisation de leurs blessures. La Source Saint-Roch était en effet renommée pour la guérison rapide des plaies les plus horribles.

La lèpre, alors très répandue dans le sud de la France, y était également soignée... et guérie ! Mais cette période de célébrité cessa avec les guerres de religion.

En 1835, les propriétés curatives des sources furent redécouvertes et Trébas devint Trébas les Bains. Réputées comme étant les eaux les plus cuivreuses du monde, les eaux de Saint-Roch étaient notamment utilisées dans le traitement des maladies de la peau : psoriasis, eczéma, acné, lupus, ulcères... Mais on venait également en cure à Trébas pour soigner des rhumatismes, des maladies des muqueuses, des rhinites, des pharyngites, des affections de l'oeil ou des "maladies de femmes" (affections utérines).

Jusqu'au milieu du 19ème Siècle, l'Etat y envoya de vieux militaires blessés dans les guerres de la République et de l'Empire. Pendant la Restauration les eaux furent fréquentées par les grandes familles du midi.

Pour faciliter leur usage à domicile, les eaux de Trébas furent commercialisées en bouteilles (pour la boisson, le lavage ou la pulvérisation), sous forme d'eaux-mères (concentré de matières minérales à verser dans sa baignoire) et de pastilles (pour les maladies des voies respiratoires, de la bouche et de la langue).

Au début du 20ème Siècle, l'Hôtel des Bains de Trébas était trè réputé. Les eaux de Tébas reçurent d'ailleurs le Diplôme d'Honneur au Congrès International de médecine de Grenoble en 1902 et la Médaille d'Or au Congrès International de Médecine de Biarritz en 1903.

L'établissement resta très actif jusque dans les années 1950 puis périclita peu à peu, avant d'être ravagé par un incendie dans les années 1980.



TAUSSAC près de MUR-DE-BARREZ (Aveyron)

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SYLVANES-LES-BAINS (Aveyron)

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BOUSSAN (Haute-Garonne)



CADEAC (Hautes-Pyrénées)




GABRIAC (Aveyron)

La source du Fanc à Gabriac photographiée vers 1910


SENTEIN (Ariège)



S’il paraît que l’eau ferrugineuse et arsenicale du Pradeau à Sentein a été connue dès l’Antiquité, elle fut officiellement découverte en 1851, et l’autorisation ministérielle d’exploiter les sources après analyses, décrétée en 1854.
L’activité de cures commence alors en même temps que des travaux pour améliorer le débit de l’eau. Des « baigneurs à gages » sont embauchés pour les bains chauds, créant ainsi quelques emplois dans la vallée, à cette époque surpeuplée.
Les eaux, déclarées d’utilité publique, sont comparées avec celles d’Orezza, en Corse, et nommées « eaux minérales, naturelles, arsenicales, ferrugineuses ».
Selon le rapport du docteur Pagès, l’eau de Sentein est tonique, diurétique, apéritive et laxative. Elle excite l’appétit, active la digestion et « facilite la garde-robe ». Mais ses bienfaits ne s’arrêtent pas là, elle se trouve aussi souveraine pour bon nombre de maladies : anémie, leucorrhée, débilité d’estomac, maladie urinaire, etc.

Malgré les qualités « incroyables » des eaux de la source du Pradeau, à laquelle viennent s’ajouter les eaux chargées en chaux et potasse du ruisseau de Quoué, et la boue ferrugineuse aux effets tout aussi notoires, les premières années d’exploitation sont bien calmes. En 1862, le propriétaire se plaint de n’avoir eu qu’une cinquantaine de bains et une quinzaine de vraies cures thermales. Dix ans plus tard, une centaine de baigneurs fréquentent les thermes, mais, la plupart du temps, ils ne viennent pas de loin, et laissent entendre que les installations sont en mauvais état. En fait, pour tout dire, le Pradeau ne connaîtra jamais une grosse fréquentation, même si un moment on pouvait lire sur les cartes postales du village : « Sentein-les-Bains »
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette faible fréquentation : tout d’abord la concurrence d’autres thermes, comme Luchon, Ax-les-Thermes, Audinac, etc., mais aussi une publicité mal assurée, et sûrement un accès long et très inconfortable pour ce genre de clientèle. Au début de l’exploitation, seul un char à bancs relie quotidiennement Sentein à Saint-Girons.

Le dernier à tenter l’aventure thermale fut le docteur Peytourreau. Il essaya de commercialiser l’eau en bouteilles, mais l’Académie de médecine refusa de considérer les eaux comme « naturelles », car le fer se déposait au fond des bouteilles.
Il eut quand même le temps de produire les étiquettes pour cette future commercialisation.
Le Pradeau ferme ses portes en 1960, il est vendu à la Caisse régionale d’assurances maladie de la région parisienne, qui transforme les thermes en colonie de vacances pour son personnel. Dans les années 1980, les propriétaires ont changé, et depuis le bâtiment accueille des groupes plus régionaux.



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